Dimanche 29/03/15 BETAFO
Fête de l’insurrection contre les français, fête des rameaux.
Aujourd’hui c’est jour de fête! Et à double titre : fête militaire en mémoire de l’insurrection contre les français qui eut lieu en 1949, avec défilés, fanfares et cohortes d’officiels. Fête religieuse surtout qui draine les campagnes jusqu’aux paroisses principales où des messes géantes sont organisées.
Des messes de deux heures au moins, que l’on ne peut pas rater. Tout le monde enfile donc ses habits du dimanche, coupe une branche d’un arbuste de plante médicinale ou de tout arbre fruitier qui traine sur le chemin, et vient grossir le flot de cette migration qui peuple le bord des routes et finit en procession chantante, bien rangée derrière ses enfants de cœur et son catéchiste en aube.
Les routes sont donc pleines de gens propres et en habits de fête, l’ambiance est joyeuse, c’est l’occasion de retrouvailles, de réunions, de mélanges propices aux rencontres! D'autant que dans la région, la semaine de Pâques, on l’on appelle aussi “fête de la bière” car la brasserie locale, THB, de renommée nationale, organise des festivités parallèles. Le guide que nous avons aujourd’hui pour randonner dans les rizières de la contrée, répondant au nom de José, a d’ailleurs à cette occasion rencontré sa femme. José est un jeune homme d’Antsirabe pur souche mais pour autant, tout comme à notre guide en titre Mario, on lui donnerait bien des origines yéménites, en tout cas un peu arabiques.
Ainsi donc aujourd’hui nous allons peaufiner notre connaissance des hautes terres en partant randonner autour de Betafo, ancienne capitale du pays, qui dispose de la deuxième plus grande cathédrale de Madagascar, et la plus ancienne. On y trouve aussi le plus vieux temple protestant. Et puis encore une (et unique) école pour les sourds muets datant de l’époque où les norvégiens tentèrent de coloniser l’île. Les norvégiens? Eh oui c’est improbable, mais il faut croire qu’elle en a aiguisé des appétits cette île! D’ailleurs à Betafo l’architecture traditionnelle se mâtine d’influence coloniale anglaise avec les grandes colonnes ouvrant l’espace de grandes terrasses et supportant de grands balcons. On retrouve à Betafo aussi l’urbanisme français avec les larges avenues et la cathédrale néogothique, quelques pavillons années 30, des villas meulières (mais en briques) cossues avec leurs jolis élancements de charpente.
Aujourd’hui c’est jour de fête! Et à double titre : fête militaire en mémoire de l’insurrection contre les français qui eut lieu en 1949, avec défilés, fanfares et cohortes d’officiels. Fête religieuse surtout qui draine les campagnes jusqu’aux paroisses principales où des messes géantes sont organisées.
Des messes de deux heures au moins, que l’on ne peut pas rater. Tout le monde enfile donc ses habits du dimanche, coupe une branche d’un arbuste de plante médicinale ou de tout arbre fruitier qui traine sur le chemin, et vient grossir le flot de cette migration qui peuple le bord des routes et finit en procession chantante, bien rangée derrière ses enfants de cœur et son catéchiste en aube.
Les routes sont donc pleines de gens propres et en habits de fête, l’ambiance est joyeuse, c’est l’occasion de retrouvailles, de réunions, de mélanges propices aux rencontres! D'autant que dans la région, la semaine de Pâques, on l’on appelle aussi “fête de la bière” car la brasserie locale, THB, de renommée nationale, organise des festivités parallèles. Le guide que nous avons aujourd’hui pour randonner dans les rizières de la contrée, répondant au nom de José, a d’ailleurs à cette occasion rencontré sa femme. José est un jeune homme d’Antsirabe pur souche mais pour autant, tout comme à notre guide en titre Mario, on lui donnerait bien des origines yéménites, en tout cas un peu arabiques.
Ainsi donc aujourd’hui nous allons peaufiner notre connaissance des hautes terres en partant randonner autour de Betafo, ancienne capitale du pays, qui dispose de la deuxième plus grande cathédrale de Madagascar, et la plus ancienne. On y trouve aussi le plus vieux temple protestant. Et puis encore une (et unique) école pour les sourds muets datant de l’époque où les norvégiens tentèrent de coloniser l’île. Les norvégiens? Eh oui c’est improbable, mais il faut croire qu’elle en a aiguisé des appétits cette île! D’ailleurs à Betafo l’architecture traditionnelle se mâtine d’influence coloniale anglaise avec les grandes colonnes ouvrant l’espace de grandes terrasses et supportant de grands balcons. On retrouve à Betafo aussi l’urbanisme français avec les larges avenues et la cathédrale néogothique, quelques pavillons années 30, des villas meulières (mais en briques) cossues avec leurs jolis élancements de charpente.
Les campagnes qui, rappelons le, rentrent dans la ville, démontrent que le pays n’a pas, ou à peine, entamé son exode rural. D’ailleurs la modernité n’existe pas encore. Pas de plastique, pas de métal et encore moins d’acier. Si un peu tout de même dans la serpe, et si la famille a les moyens, dans le cerclage des roues de la charrette, et si elle est vraiment à l’aise, dans la bicyclette. La campagne est pleine comme un œuf, il y a des hameaux partout, et une église par groupe de hameaux. Il y a donc des églises partout. La plupart ont des clochers mais pas toutes, cela dépend de l’état d’avancement de la construction, car beaucoup d’églises sont encore en travaux. Le type de l’église est celui qu’on trouve dans cette partie du monde : des murs droits sans chichis, des couleurs claires, des baies régulières plutôt étroites en ogive tout autour de la nef, un toit à deux pans en tôles ondulées, un fronton qui souvent correspond au clocher, avec un toit en pointe en tôles lui aussi. Eglises et hameaux sont accrochés au flanc des colline, désorganisant l’équilibre géométrique des parcelles qui épousent les courbes de niveaux et subdivisent l’espace en fractales de couleurs. Du marron des terrains fraichement retournés au vert riche des rizières en pleine croissance, en passant par le vert pauvre des champs de maïs prêts pour la récolte, et le rouge vif des lentilles d’eau des parcelles inondées, et qui servent à les fertiliser, c’est un damier en 3D.
Et nous partons nous balader là dedans avec José, tandis que Mario nous attendra avec le 4x4 à l’autre bout de la balade. Notre itinéraire ne suit pas systématiquement les sentiers, loin de là! Il suit les cultures, empreinte parfois des chemins, mais se hisse généralement sur les petits talus de terre qui séparent les rizières. Ce sont des bandes de moins de vingt centimètres de large, il faut rester concentré si l’on ne veut pas finir à l’eau! Et lorsque parfois nous croisons une paire de zébus conduite par quelque bouvier, mieux vaut prendre un chemin de traverse encore plus étroit, car le zébu n’aime pas la nouveauté, et il peut charger! Et n’oublions pas que si le zébu ressemble à une vache, il a les cornes du plus sauvage des taureaux camarguais!
Et nous partons nous balader là dedans avec José, tandis que Mario nous attendra avec le 4x4 à l’autre bout de la balade. Notre itinéraire ne suit pas systématiquement les sentiers, loin de là! Il suit les cultures, empreinte parfois des chemins, mais se hisse généralement sur les petits talus de terre qui séparent les rizières. Ce sont des bandes de moins de vingt centimètres de large, il faut rester concentré si l’on ne veut pas finir à l’eau! Et lorsque parfois nous croisons une paire de zébus conduite par quelque bouvier, mieux vaut prendre un chemin de traverse encore plus étroit, car le zébu n’aime pas la nouveauté, et il peut charger! Et n’oublions pas que si le zébu ressemble à une vache, il a les cornes du plus sauvage des taureaux camarguais!
Malgré le fait que cette journée soit une journée de fête, nous croisons quelques personnes dans les champs, dont beaucoup d’enfants. Ils sont insouciants comme tous les enfants, jouent à des jeux d’enfants et d’ailleurs ils sont en vacances scolaires, mais ils n’ont pas pour autant quitté leurs habits de petits paysans ; une serpe à la main, ils éliminent quelques mauvaises herbes, reforment des talus affaissés, récoltent quelque nourriture pour le bétail.
De loin en loin on entend le marteau du forgeron qui répare des outils, des femmes sont penchées sur les rizières, des zébus paissent autour d’elles.
Dans les villages, les hommes qui ne sont pas partis à la messe jouent à la pétanque sous l’œil inquisiteur de cohortes de poulets à longues pattes. Il faut dire que la pétanque est le sport national, et le seul sport dans lequel brillent les malgaches, particulièrement dans la région d’Antsirabe. D’ailleurs Mada a été championne du monde en 1999. Ainsi, sur la terre battue de chaque village, nous assistons à l’entrainement de la relève. Le terrain est en pente, bosselé, mais on joue avec un sérieux souverain. De l’argent change de main… Pas de pastis, pas de ricard, une feuille séchée fait office d’étalon de mesure. Quand on a joué dans de telles conditions et qu’on s’y est fait un nom, arriver sur les terrains calibrés de Provence qui tire ou qui pointe, c’est débouler sur du velours!
La singularité de notre parcours, qui illustre celle de cette région, et la multiplicité des tombeaux qu’elle nous a fait croiser. Tombeaux collectifs, ils accueillent tous les membres d’une même famille : c’est la maison des ancêtres. Constructions carrées de 1,5m de haut environ pour 4m de coté , elles peuvent accueillir jusqu’à 80 corps. Ces tombes ont une grande importance dans la culture locale car elles sont le lieu de convergence de fêtes périodiques qui rassemblent toute la communauté villageoise et d’au delà, que l’on appelle le retournement des morts. Pour faire simple, à échéance fixe, et si les moyens de la famille le permettent, on invite le maximum de connaissances pour assister au renouvellement du suaire du dernier défunt. On en profite généralement pour faire une beauté aux plus anciens, pour bien nettoyer ce qui peut l’être, comprimer ce qui reste dans des bières propres, afin qu’il y ait de la place pour tout le monde et pour les futurs nouveaux arrivants. Pendant ce temps là, autour de la tombe, les invités boivent du rhum au son d’un orchestre invité par la famille ; ce sont de grandes fêtes colorées que nous ne verrons pas, puisque aujourd’hui c’en est une autre, les rameaux.
A la fin de la journée, alors que nous retournons sur Antsirabe par les routes où bagnaudent tous les fidèles qui remplissaient tout à l’heure les bancs d’église, nous observons que le spectacle a changé et qu’une partie de la foule se presse maintenant autour des terrains de foot improvisés. Ceux qui se désintéressent du sport sont allongés dans les fossés et rêvent, ou discutent. Des palabres s’organisent autour de vélos démontés, l’atmosphère est sereine, c’est une fin de dimanche après midi sur la terre…
A la fin de la journée, alors que nous retournons sur Antsirabe par les routes où bagnaudent tous les fidèles qui remplissaient tout à l’heure les bancs d’église, nous observons que le spectacle a changé et qu’une partie de la foule se presse maintenant autour des terrains de foot improvisés. Ceux qui se désintéressent du sport sont allongés dans les fossés et rêvent, ou discutent. Des palabres s’organisent autour de vélos démontés, l’atmosphère est sereine, c’est une fin de dimanche après midi sur la terre…