Jeudi 09 et vendredi 10/04/2015 Ifaty
Nous sommes arrivés hier à Ifaty, à une vingtaine de kilomètres au nord de Tuléar sur la nationale 9. En fait de nationale, c'est une bonne vieille piste à l'africaine, un peu adoucie par le sable que des dunes du front de mer déposent. Et Ifaty est une station balnéaire réputée.
C'est à dire que sur cette fameuse nationale 9 longeant la mangrove à gauche et les cocotiers à droite, se trouve un village de pêcheurs implanté au bord d'un lagon, qui compte parmi les plus grands du monde. La barrière de corail est bien au large, et on distingue sa présence depuis la berge par un imperceptible remous sur la ligne d'horizon. Le village de pêcheurs s'appelle Mengily et personne ne sait trop pourquoi la mémoire populaire a retenu Ifaty pour nommer ce spot.
Le village de pêcheurs ne correspond pas aux standards méditerranéens, et s'approche plutôt de l'habitat néolithique tel qu'on l'étudie au collège : des cases faites de branches tressées pour les murs, et du bambou pour le toit. Toute la richesse des habitants réside dans leurs pirogues, qui leur assurent la subsistance, et si possible un peu d'argent.
Sur les dix kilomètres autour du village, au compte gouttes, des installations hôtelières ont essaimé des bungalows. Il faut marcher plusieurs kilomètres pour passer d'un hôtel à l'autre, c'est dire qu'il faut préparer son coup si vraiment on désire apercevoir d'autres touristes, et tenir compte de la marée qui engloutit toute la plage !
Notre bungalow justement donne directement sur la plage, et le vent du sud qui s'époumone depuis les terres australes, aboutit directement dans notre chambre, après s'être réchauffé, fort heureusement.
C'est à dire que sur cette fameuse nationale 9 longeant la mangrove à gauche et les cocotiers à droite, se trouve un village de pêcheurs implanté au bord d'un lagon, qui compte parmi les plus grands du monde. La barrière de corail est bien au large, et on distingue sa présence depuis la berge par un imperceptible remous sur la ligne d'horizon. Le village de pêcheurs s'appelle Mengily et personne ne sait trop pourquoi la mémoire populaire a retenu Ifaty pour nommer ce spot.
Le village de pêcheurs ne correspond pas aux standards méditerranéens, et s'approche plutôt de l'habitat néolithique tel qu'on l'étudie au collège : des cases faites de branches tressées pour les murs, et du bambou pour le toit. Toute la richesse des habitants réside dans leurs pirogues, qui leur assurent la subsistance, et si possible un peu d'argent.
Sur les dix kilomètres autour du village, au compte gouttes, des installations hôtelières ont essaimé des bungalows. Il faut marcher plusieurs kilomètres pour passer d'un hôtel à l'autre, c'est dire qu'il faut préparer son coup si vraiment on désire apercevoir d'autres touristes, et tenir compte de la marée qui engloutit toute la plage !
Notre bungalow justement donne directement sur la plage, et le vent du sud qui s'époumone depuis les terres australes, aboutit directement dans notre chambre, après s'être réchauffé, fort heureusement.
L'atmosphère n'est pas du tout la même qu'à Manakara et on peut entendre que la mer elle même n'est pas la même. Les vagues sont plus nerveuses, le clapot est plus rapide, plus sec. Le vent aussi est plus tendu. Ce n'est pas une brise chaude et voluptueuse, mais plutôt une bise chaude et insidieuse, fatigante, et que l'on cherche rapidement à fuir. Il faut dire que nous sommes arrivés juste après la pleine lune (la lune ici n'arbore pas sur sa face visible un lapin, mais un indien genre bison futé), et que celle-ci a libéré des forces que les autochtones nous certifient néfastes. Ce qui n'empêchera pas les marins de partir en mer, seulement de faire une bonne pêche.
Nous apprenons ainsi que les centaines de pirogues qui ont été poussées sur la dune, demain partiront relativement tard en mer, car dans les conditions actuelles de vent et de marées, inutile de prendre des risques en sachant d'avance le résultat.
Et pourtant ici, niveau pêche, on s'y connaît : toutes les pêches sont pratiquées : la pêche au filet depuis les grandes pirogues à balancier et à voile auriques faites en sacs de riz assemblés les uns aux autres ; la pêche à la langouste ou au calamar depuis les petites pirogues sans voile, plus rapides. La pêche à la ligne, depuis ces mêmes pirogues sur lesquelles le navigateur est aussi plongeur et cherche en apnée les points les plus poissonneux ou conduire son esquif ; la pêche à pied depuis la plage, en tirant à plusieurs des filets et en formant une nasse qui se referme, à pied encore mais plus loin au large, dans d'immenses clôtures cachées par la marée piégeant les poissons à la basse mer ; au harpon finalement, à l'aide d'appareils fabriqués à la malagasy, c'est à dire ressemblant à des fusils du commerce, mais assemblés avec les moyens et les matériaux du bord de la route.
Nous apprenons ainsi que les centaines de pirogues qui ont été poussées sur la dune, demain partiront relativement tard en mer, car dans les conditions actuelles de vent et de marées, inutile de prendre des risques en sachant d'avance le résultat.
Et pourtant ici, niveau pêche, on s'y connaît : toutes les pêches sont pratiquées : la pêche au filet depuis les grandes pirogues à balancier et à voile auriques faites en sacs de riz assemblés les uns aux autres ; la pêche à la langouste ou au calamar depuis les petites pirogues sans voile, plus rapides. La pêche à la ligne, depuis ces mêmes pirogues sur lesquelles le navigateur est aussi plongeur et cherche en apnée les points les plus poissonneux ou conduire son esquif ; la pêche à pied depuis la plage, en tirant à plusieurs des filets et en formant une nasse qui se referme, à pied encore mais plus loin au large, dans d'immenses clôtures cachées par la marée piégeant les poissons à la basse mer ; au harpon finalement, à l'aide d'appareils fabriqués à la malagasy, c'est à dire ressemblant à des fusils du commerce, mais assemblés avec les moyens et les matériaux du bord de la route.
Cependant lorsqu'au matin nous nous levons, les pêcheurs sont tous partis, et les pirogues qui jusque là étaient entassées pèle mêle en contrebas de la dune voisine, sont maintenant réparties sur l'étendue marine. Leurs voiles déployées donnent l'illusion que des armadas sont lancées aux trois points de l'horizon qui nous font face. Des armadas bien facétieuses car multicolores comme les voiles rapiécées de rouge, de vert, de jaune, de bleu, un peu de blanc parfois aussi, même si au final, de loin, toutes les voiles sont blanches. Quelques rares pirogues sont immobiles, échouées sur la plage, leur voile seulement accrochée par le sommet, totalement livrée aux jeux du vent.
Les pirogues sont construites en bois le balsa pour leur coque et le flotteur latéral, en bois beaucoup plus dur pour les traverses et les lisses qui rigidifient la coque de noix. Le flotteur est relié à la coque par deux poutres effilées, elles mêmes fixées à l'aide de cordes nouées à deux traverses renforcées de la coque. Le mât est un poteau, posé sur un sommier de balsa et fixé par des cordes à l'une de ces traverses, celle de l'avant. Quant à la voile, elle est fixée en trois points : le premier en tête de mât , le second en bout d'une tige de bois elle même en butée contre le mât sur un savant assemblage de nœuds qui lui permet de pivoter à volonté, et le troisième à un bout que l'on peut nouer un peu partout sur la pirogue, en fonction de l'humeur du piroguier et du vent. Pas un clou dans ces assemblages, que de la corde végétale et des coins de bois. Alors forcément il y a un peu d'eau qui rentre, mais rien de dramatique, tant qu'on a le rythme. Par exemple en mer nous avons croisé une pirogue dont l'un des membres d'équipage écopait au même rythme que ses collègues pagayaient, c'est à dire avec un bel entrain !
Les pirogues sont construites en bois le balsa pour leur coque et le flotteur latéral, en bois beaucoup plus dur pour les traverses et les lisses qui rigidifient la coque de noix. Le flotteur est relié à la coque par deux poutres effilées, elles mêmes fixées à l'aide de cordes nouées à deux traverses renforcées de la coque. Le mât est un poteau, posé sur un sommier de balsa et fixé par des cordes à l'une de ces traverses, celle de l'avant. Quant à la voile, elle est fixée en trois points : le premier en tête de mât , le second en bout d'une tige de bois elle même en butée contre le mât sur un savant assemblage de nœuds qui lui permet de pivoter à volonté, et le troisième à un bout que l'on peut nouer un peu partout sur la pirogue, en fonction de l'humeur du piroguier et du vent. Pas un clou dans ces assemblages, que de la corde végétale et des coins de bois. Alors forcément il y a un peu d'eau qui rentre, mais rien de dramatique, tant qu'on a le rythme. Par exemple en mer nous avons croisé une pirogue dont l'un des membres d'équipage écopait au même rythme que ses collègues pagayaient, c'est à dire avec un bel entrain !
Le vent a un peu baissé, quoi que le clapot reste vigoureux, et à l'hôtel on essaie de nous convaincre de ne pas sortir en mer, prétextant que la visibilité sous l'eau sera nulle. Ils se méfient surtout de leurs touristes qui n'ont pas tous bien le pied marin et dont une proportion terrible finit par passer à l'eau ! En effet, les seuls sièges sur ces pirogues, ce sont les traverses, pas plus de cinq centimètres d'appui pour les fesses ! On se retrouve donc mal assis et si une vague plus dure que les autres venait à prendre l'embarcation par le côté, il ne serait pas inconcevable d'apprendre à voler.
Mais pour l'heure la voile est tendue et nous filons à pleine vitesse vers une réserve marine au milieu du lagon. La sensation de vitesse est renforcée par notre position au ras de l'eau, face au flotteur qui fend l'écume comme si rien ne pouvait l'arrêter.
La réserve marine est matérialisée par trois bouées jaunes et un homme sur une petite pirogue en bois brut, pas même coiffé. C'est le gardien de la réserve et il s'assure que les pêcheurs ne viennent pas s'approvisionner au sanctuaire, histoire de gonfler un peu leurs filets généralement bien vides. Nous nous amarrons à une bouée et plouf, en pleine mer, à 5 kilomètres du rivage et vraisemblablement autant de la barrière de corail. Heureusement le vieux Victor, notre capitaine, n'a jamais perdu de client, nous assure-t-il. Il est surtout le chef du village, et s'il a la confiance de l'hôtel qui lui envoie ses wasas, l'hôtel cherche surtout à amadouer les pêcheurs du villages afin qu'ils ne les importunent pas. Je me demande quand même bien ce que ferait Vieux Victor s'il nous arrivait de faire un malaise au large, alors que lui taille la bavette avec le gardien de la réserve, toute sa mâture démontée, et qu'il ne sait pas nager ! C'est que les massifs coralliens, c'est grisant. Quand on suit des poissons entre les forêts pétrifiées, on ne pense pas à s'arrêter ou à regarder où l'on va ; et puis on ne veut pas se laisser distancer par ces petits poissons, fussent-ils colorés ! Quand un poisson caisse (c'est donc un petit carton à points blancs avec deux yeux, une bouche quatre nageoires dont une derrière) sort de son terrier, on se surprend à en faire le siège. Quelques secondes d'immobilité supplémentaires le convaincraient peut être de réapparaître, faut-il vraiment remonter à la surface ?
Nous parcourons ainsi le récif de long en large, surtout sur sa circonférence, car le sommet est ravagé : affleurant à moins d'un mètre de la surface à marée haute, il doit vraiment être à ras à marée basse. Et les cyclones ici ayant la réputation de tout ravager, le massif corallien ne doit pas y échapper. Mais les tombants sont vraiment foisonnants, et font penser aux Maldives. Dommage que ce fameux vent du sud remue tant, les couleurs seraient plus vives.
Vers 11h nous remettons le cap sur la plage, tout comme les pêcheurs, voile parmi les centaines de voiles qui convergent. A terre c'est la cohue, c'est le rush ! Les pirogues arrivent avec toute leur ère pour les premières, on détache les voiles au tout dernier moment pour s'échouer sur la plage ; les retardataires doivent mettre en panne et chercher un passage au travers cette haie de coques de noix colorées.
Mais pour l'heure la voile est tendue et nous filons à pleine vitesse vers une réserve marine au milieu du lagon. La sensation de vitesse est renforcée par notre position au ras de l'eau, face au flotteur qui fend l'écume comme si rien ne pouvait l'arrêter.
La réserve marine est matérialisée par trois bouées jaunes et un homme sur une petite pirogue en bois brut, pas même coiffé. C'est le gardien de la réserve et il s'assure que les pêcheurs ne viennent pas s'approvisionner au sanctuaire, histoire de gonfler un peu leurs filets généralement bien vides. Nous nous amarrons à une bouée et plouf, en pleine mer, à 5 kilomètres du rivage et vraisemblablement autant de la barrière de corail. Heureusement le vieux Victor, notre capitaine, n'a jamais perdu de client, nous assure-t-il. Il est surtout le chef du village, et s'il a la confiance de l'hôtel qui lui envoie ses wasas, l'hôtel cherche surtout à amadouer les pêcheurs du villages afin qu'ils ne les importunent pas. Je me demande quand même bien ce que ferait Vieux Victor s'il nous arrivait de faire un malaise au large, alors que lui taille la bavette avec le gardien de la réserve, toute sa mâture démontée, et qu'il ne sait pas nager ! C'est que les massifs coralliens, c'est grisant. Quand on suit des poissons entre les forêts pétrifiées, on ne pense pas à s'arrêter ou à regarder où l'on va ; et puis on ne veut pas se laisser distancer par ces petits poissons, fussent-ils colorés ! Quand un poisson caisse (c'est donc un petit carton à points blancs avec deux yeux, une bouche quatre nageoires dont une derrière) sort de son terrier, on se surprend à en faire le siège. Quelques secondes d'immobilité supplémentaires le convaincraient peut être de réapparaître, faut-il vraiment remonter à la surface ?
Nous parcourons ainsi le récif de long en large, surtout sur sa circonférence, car le sommet est ravagé : affleurant à moins d'un mètre de la surface à marée haute, il doit vraiment être à ras à marée basse. Et les cyclones ici ayant la réputation de tout ravager, le massif corallien ne doit pas y échapper. Mais les tombants sont vraiment foisonnants, et font penser aux Maldives. Dommage que ce fameux vent du sud remue tant, les couleurs seraient plus vives.
Vers 11h nous remettons le cap sur la plage, tout comme les pêcheurs, voile parmi les centaines de voiles qui convergent. A terre c'est la cohue, c'est le rush ! Les pirogues arrivent avec toute leur ère pour les premières, on détache les voiles au tout dernier moment pour s'échouer sur la plage ; les retardataires doivent mettre en panne et chercher un passage au travers cette haie de coques de noix colorées.
De l'autre côté, les femmes se sont jetées sur les hommes, avec les enfants qui courent tout autour. Comme à priori il n'est pas rare pour un foyer d'avoir dix enfants, ça fait du monde sur la place! Elégantes dans leurs paréos, le visage généralement recouvert de ce masque jaune moitié séduisant, moitié inquiétant, elles vont d'une pirogue à l'autre avec des repas à vendre pour les marins affamés. Les athlètes à peine à terre jettent un petit billet pour obtenir l'un une tige de manioc à mâcher, l'autre un épi de maïs grillé à ronger, un autre encore un petit beignet. A 100 Ariary les beignets, soit 500F, soit encore 3 centimes d'euros, nous en devenons rapidement dépendants, surtout avec leur petit côté croustillant, qui vous rappelle que la pâte a été pétrie au bord de la route !
D'autres femmes sont aussi là pour affaire. Ce sont les femmes des pêcheurs, auprès desquelles ils sont directement responsables. Certaines ne se cachent pas pour manifester leur mécontentement devant la maigreur de la récolte. Nous voyons des pêcheurs qui n'arrivent qu'avec un unique poisson ! Même les grosses pirogues de huit mètres, avec quatre hommes d'équipage, écrasées sous des tonnes de filet, ne reviennent qu'avec une petite bassine de poissons pas plus gros que des sardines. On se dit qu'il ne faut vraiment pas se poser trop de question pour continuer à pêcher dans ces conditions... On nous explique que les pêcheurs, de plus en plus nombreux , « raclent » quotidiennement leur lagon, ne laissant pas à leurs poissons le temps de grandir. A l'extérieur du lagon, où l’on trouve encore des gros poissons, les pêcheurs sont aussi victimes de la surpêche, mais cette fois-ci celle des chinois qui viennent avec des navires usines « racler » les fonds océaniques. Et comme il n'y a aucune règle dans les eaux malgaches, et encore moins de personnel pour les faire respecter, rien ne change et tout empire. Pour l'instant les pêcheurs ne sont pas malheureux, tant qu'ils ont du poisson à se mettre sous la dent. Et comme en plus dans l'hôtel il y a des touristes qui mangent du poisson, jusqu'à 400kg par jour en haute saison, ça leur fait de l'argent de poche. Aujourd'hui néanmoins, ça ne dépasse pas le kilo, car Céline et moi sommes les seuls clients du soir, et nous commandons deux plats : un filet et un capitaine entier.
D'autres femmes sont aussi là pour affaire. Ce sont les femmes des pêcheurs, auprès desquelles ils sont directement responsables. Certaines ne se cachent pas pour manifester leur mécontentement devant la maigreur de la récolte. Nous voyons des pêcheurs qui n'arrivent qu'avec un unique poisson ! Même les grosses pirogues de huit mètres, avec quatre hommes d'équipage, écrasées sous des tonnes de filet, ne reviennent qu'avec une petite bassine de poissons pas plus gros que des sardines. On se dit qu'il ne faut vraiment pas se poser trop de question pour continuer à pêcher dans ces conditions... On nous explique que les pêcheurs, de plus en plus nombreux , « raclent » quotidiennement leur lagon, ne laissant pas à leurs poissons le temps de grandir. A l'extérieur du lagon, où l’on trouve encore des gros poissons, les pêcheurs sont aussi victimes de la surpêche, mais cette fois-ci celle des chinois qui viennent avec des navires usines « racler » les fonds océaniques. Et comme il n'y a aucune règle dans les eaux malgaches, et encore moins de personnel pour les faire respecter, rien ne change et tout empire. Pour l'instant les pêcheurs ne sont pas malheureux, tant qu'ils ont du poisson à se mettre sous la dent. Et comme en plus dans l'hôtel il y a des touristes qui mangent du poisson, jusqu'à 400kg par jour en haute saison, ça leur fait de l'argent de poche. Aujourd'hui néanmoins, ça ne dépasse pas le kilo, car Céline et moi sommes les seuls clients du soir, et nous commandons deux plats : un filet et un capitaine entier.
Et ce midi, pas de poisson, pas d'hôtel, pas de petite table devant la baie vitrée, abrités en observant le manège des pirogues qui font fredonner la chanson de Brel, les Marquises, pas de petit plat dressé façon gastronomique, nous partons déjeuner sur la piste, comme des broussards !
Non loin de l'arrêt des taxis brousse sur lesquels se jettent les vendeuses de poissons séchés, fruits, maïs, manioc, beignets et légumes inconnus, nous avisons un « hotely » dans une cahute de bois aux planches noires et disjointes. Un dernier regard vers la poussière jaune aveuglante de la piste où s'arrête un monstrueux camion bétaillère transformé en bus longues distances, et nous nous enfonçons dans le territoire obscur du relai routier. Cinq tables de bois de construction artisanale sont recouvertes de toiles cirées aux motifs variés. Des bancs de la même facture que les tables et les murs complètent le mobilier. Des clairevoies permettent aux poules qui bientôt rejoindront la marmite, de nous visiter, et à nos regards d'espionner la vie de la cour d'habitation voisine, au centre de laquelle une cocotte en alu bout sur le feu. Les mouches sont nombreuses, mais les toiles cirées sont propres. A peine installés la cantinière tire de ses marmites qui chauffaient au bord de la route, deux petits saladiers de riz, ainsi que deux bols de haricots blancs contenants des restes animaux, du zébu et du poulet à en juger par la viande que l'on peut trouver entre les cartilages. En gros, un plat unique, cassoulet de zébu à mélanger à notre riz, et c'est tout à fait bon. La boisson en revanche est plus problématique : on pose devant chacun de nous un broc contenant un liquide jaunâtre et tiède qui ne sent rien. Vraisemblablement de l'eau bouillie. Et plus vraisemblablement même, de l'eau saumâtre bouillie.
Le temps file ensuite doucement, au rythme de la marée qui monte, du soleil qui descend jusqu'à embraser complètement l'horizon à 18h. Nous marchons le long de la plage, pieds nus. Lorsque nous abordons les palétuviers il faut chausser, car ils poussent sur des récifs coupants. Parfois nous croisons des bandes d'adolescents, ou des couples de jeunes gens. Quelques projets hôteliers retournent à la poussière, mais globalement la plage et la mer sont vides, à l'exception des crabes immobiles et vigilants, et qui d'une même impulsion, sautent dans leur terriers à notre passage.
Non loin de l'arrêt des taxis brousse sur lesquels se jettent les vendeuses de poissons séchés, fruits, maïs, manioc, beignets et légumes inconnus, nous avisons un « hotely » dans une cahute de bois aux planches noires et disjointes. Un dernier regard vers la poussière jaune aveuglante de la piste où s'arrête un monstrueux camion bétaillère transformé en bus longues distances, et nous nous enfonçons dans le territoire obscur du relai routier. Cinq tables de bois de construction artisanale sont recouvertes de toiles cirées aux motifs variés. Des bancs de la même facture que les tables et les murs complètent le mobilier. Des clairevoies permettent aux poules qui bientôt rejoindront la marmite, de nous visiter, et à nos regards d'espionner la vie de la cour d'habitation voisine, au centre de laquelle une cocotte en alu bout sur le feu. Les mouches sont nombreuses, mais les toiles cirées sont propres. A peine installés la cantinière tire de ses marmites qui chauffaient au bord de la route, deux petits saladiers de riz, ainsi que deux bols de haricots blancs contenants des restes animaux, du zébu et du poulet à en juger par la viande que l'on peut trouver entre les cartilages. En gros, un plat unique, cassoulet de zébu à mélanger à notre riz, et c'est tout à fait bon. La boisson en revanche est plus problématique : on pose devant chacun de nous un broc contenant un liquide jaunâtre et tiède qui ne sent rien. Vraisemblablement de l'eau bouillie. Et plus vraisemblablement même, de l'eau saumâtre bouillie.
Le temps file ensuite doucement, au rythme de la marée qui monte, du soleil qui descend jusqu'à embraser complètement l'horizon à 18h. Nous marchons le long de la plage, pieds nus. Lorsque nous abordons les palétuviers il faut chausser, car ils poussent sur des récifs coupants. Parfois nous croisons des bandes d'adolescents, ou des couples de jeunes gens. Quelques projets hôteliers retournent à la poussière, mais globalement la plage et la mer sont vides, à l'exception des crabes immobiles et vigilants, et qui d'une même impulsion, sautent dans leur terriers à notre passage.
Vendredi matin nous apercevons nos premiers oiseaux de mer. C'est signe que le vent s'est calmé et que je peux enfin sauter dans la mer pour conclure ma saison d'entraînement qui me conduira jusqu'au triathlon de Cannes, le 19 avril prochain.
Un kilomètre de nage devant le bungalow, tandis que Céline, sur sa chaise longue, panse ses plaies, celles que le soleil lui a infligées.
Un kilomètre de nage devant le bungalow, tandis que Céline, sur sa chaise longue, panse ses plaies, celles que le soleil lui a infligées.