Lundi 06/04/2015 Du massif de l'Andringitra au massif de l'Isalo
C’est bien navrant de quitter l’Andringitra, car c’est le type d’endroit si riche, si beau, que chaque seconde nourrit l’âme et où l’on peut oublier le reste du monde. Avant de faire nos adieux au site, nous profitons de la piscine au lever du soleil, dans la lumière blanche qui révèle un à un chaque arbre, chaque bosquet, au son des discussions calmes des hommes et des femmes qui s’en vont au champ. L’air est encore frais, les couleurs sont fraîches, l’eau de la piscine est de source… Et toujours les falaises autour de nous, si hautes que c’en est improbable, mais aux contours adoucis qui les rendent amicales.
Toujours est-il que ce départ nous fait quitter définitivement ce que l’on appelle les hautes terres et son peuple les betsileo, pour traverser le plateau des barra, ou pour être plus clair, de cette fameuse ethnie de voleurs de zébus! Autant dire qu’ils sont mal vus sur le reste de l’île, ces barras chez qui, pour devenir un homme, il faut avoir volé quelques zébus. Et les histoires de zébus, ça se règle dans le sang, donc inutile de dire qu’on ne vole pas les zébus du voisin!
Pour arriver chez les barras, la route a encore monté, la terre s’est asséchée. Les paysages, vides, sont devenus vraiment africains, avec ces vastes plaines sèches entourées de collines de faible hauteur. Le ciel règne là dessus, souverain. C’est le territoire de la savane, mais les malgaches, avec leur habitude de tout brûler, l’on transformée en prairie sèche.
La route continue donc de s’élever jusqu’à atteindre un vaste plateau, vers 1000m d’altitude. Nous sommes maintenant en plein territoire des éleveurs - voleurs de zébus. De la prairie, déjà presque sèche, à perte de vue. De très rares arbres, quelques petites collines posées comme par hasard sur le tapis d’herbes. Dans le lointain, des silhouettes qui ressembleraient à des femmes portant leur charge sur la tête, mais ce sont des arbres, ici les perspectives sont faussées. Des petits points noirs, ce sont les zébus. De grandes tâches noires, ce sont les ombres des nuages. Les herbes hautes ondoient à l’infini, les nuages épars semblent se précipiter vers le bout de l’horizon. Le ciel est d’ailleurs si vaste, il se détache si nettement du sol par l’intensité de son bleu et par l’absence de relief pour tisser une liaison entre sol et ciel, que celui-ci semble artificiel, comme s’il avait été photoshopé. D’ailleurs les montagnes sombres au loin sont si immobiles par rapport au reste du paysage qui défile, qu’elles semblent elles aussi procéder d’un décor de cinéma.
Pour arriver chez les barras, la route a encore monté, la terre s’est asséchée. Les paysages, vides, sont devenus vraiment africains, avec ces vastes plaines sèches entourées de collines de faible hauteur. Le ciel règne là dessus, souverain. C’est le territoire de la savane, mais les malgaches, avec leur habitude de tout brûler, l’on transformée en prairie sèche.
La route continue donc de s’élever jusqu’à atteindre un vaste plateau, vers 1000m d’altitude. Nous sommes maintenant en plein territoire des éleveurs - voleurs de zébus. De la prairie, déjà presque sèche, à perte de vue. De très rares arbres, quelques petites collines posées comme par hasard sur le tapis d’herbes. Dans le lointain, des silhouettes qui ressembleraient à des femmes portant leur charge sur la tête, mais ce sont des arbres, ici les perspectives sont faussées. Des petits points noirs, ce sont les zébus. De grandes tâches noires, ce sont les ombres des nuages. Les herbes hautes ondoient à l’infini, les nuages épars semblent se précipiter vers le bout de l’horizon. Le ciel est d’ailleurs si vaste, il se détache si nettement du sol par l’intensité de son bleu et par l’absence de relief pour tisser une liaison entre sol et ciel, que celui-ci semble artificiel, comme s’il avait été photoshopé. D’ailleurs les montagnes sombres au loin sont si immobiles par rapport au reste du paysage qui défile, qu’elles semblent elles aussi procéder d’un décor de cinéma.
Il arrive que dans cette plaine uniforme, nous traversions une forêt, ou plutôt un champ d’eucalyptus plantés à raison d’un tous les quinze mètres environ. Dans ces forêts se presse un monde dingue et coloré qui fait la fête, danse et boit, par groupe de dizaines d’individus regroupés dans l’ombre d’un arbre. Ces quelques bosquets qui rarement ponctuent la platitude du plateau sont donc des lieux de regroupement pour ce peuple semi nomade chez qui la maison n’est rien et le zébu est tout! Nous n’aurions jamais pu le deviner si aujourd’hui n’avait pas été le lundi de Pâques, jour férié par excellence pour les malgaches. C’est le jour du grand pique-nique! Toutes les familles habituellement séparées se retrouvent dans les champs, dans les bosquets, pour des repas champêtres de retrouvailles, qui en s’agglomérant, donnent à cette journée un caractère de manifestation massive!
Ainsi dans la partie peuplée du trajet, la route était-elle recouverte d’un authentique exode de gens endimanchés, marchant avec sur la tête tout un fatras de marmites, de paniers, de sièges, voire de glacières, tandis que dans les champs et sous les arbres se tendent des bâches. En bordure des hameaux, la compagnie de bières nationales THB a dressé des chapiteaux, tandis que les gens fortunés sont déjà arrivés en voiture, le coffre ouvert, la couverture étendue dans les champs, la radio à fond.
Finalement, le haut plateau finit par s’effondrer au pied des montagnes noires et immobiles. Ces montagnes sont le massif de l’Isalo, le parc national le plus connu de Madagascar. C’est un massif de grès rose de 150km de long par 20 de large, et nous arrivons face à la muraille de 150km. Demain nous pénétrerons à l’intérieur. Mais ce soir nous le découvrons de l’extérieur, en allant tous les deux, Céline et moi, marcher dans les champs au pied du rempart naturel, dans la douceur du vent chaud, s’imprégnant de la quiétude des lieux au soleil déclinant qui dore les herbes souples et ensanglante les crêtes.