Mercredi 25 mai, Khiva
Lever 9h. Petit déjeuner. Aujourd’hui ça y est, on peut dire que je me suis complètement habitué puisque je peux finir mon bol de Kefir (avec du sucre tout de même). Nous discutons un peu avec un autre hôte, allemand de l’est, tout surpris de pouvoir utiliser le russe qu’il avait appris à l’école primaire! Il tente une traversée de l’Asie d’ouest en est, en profitant de six mois sabbatiques ; mais son aventure commence poussivement puisque après l’Iran, il n’a pas pu traverser le Turkménistan et se retrouve maintenant à Tashkent, tout à l’est du pays, sans en avoir vu l’ouest!
Après le petit déjeuner, nous discutons avec notre hôtesse, une petite babouchka sympathique au fichu fleuri qui nous offre des fruits sucrés de l’arbre de sa cour et nous négocie un taxi à 15000 sums pour nous rendre à l’aéroport (2,5€). Là bas nous ne subissons pas moins de trois fouilles des bagages avant d’avoir le droit d’embarquer, mais au moins personne ne nous empêche de prendre nos bouteilles d’eau à bord.
Une fois à Ourguentch, j’avais pour ambition de prendre le dernier Trolley bus (Skoda) du pays pour aller jusqu’à Khiva. Mais les sites internet et les ouzbeks avaient tous des avis divergents sur son trajet qui passe ou pas par l’aéroport, qui relie ou ne relie plus le centre ville de Ourgentch. En fait il ne passe plus par l’aéroport et pour le prendre, il faut marcher 2 kilomètres sur un boulevard stalinien et poussiéreux écrasé par le soleil au bout duquel, à un carrefour, on devrait trouver les fils du trolley. Bref, à la sortie de l’aéroport, force nous est de prêter une oreille attentive aux sollicitudes des chauffeurs de taxi, habitués à tirer des dizaines de dollars aux touristes égarés. Nous sommes surpris par le petit nombre de taxis, qui va rendre difficile les négociations, puisque nous ne pourrons pas en éconduire plus de trois sans finir à pied… C’est finalement un certain Baxid, ouzbek d’une cinquantaine d’années, qui remporte le pompon avec une course à 55000 Sums, ce que nous qualifierons de fort cher. La communication passe moins bien, et je suis incapable de dire si c’est mon russe qui a baissé, ou si c’est le russe de mon vis à vis qui laisse à désirer. Notre voiture fonce vers le sud, passant par le centre d’Ourguentch qui consiste en un immense rond point autour duquel s’étalent des bâtiments administratifs bas et mornes. Encore vers le sud la route longe des immeubles d’habitations avortons, tout droits sortis de l’époque de l’URSS pionnière. Des camions de la même époque, bleus à calandre blanche patientent à leurs pieds. Tout est très large, très vide, l’espace est comblé par de l’herbe et des arbres maladifs aux troncs peints en blanc. Toujours vers le sud les immeubles laissent la place aux champs, et bien évidemment, surtout de coton. Pas difficile d’imaginer où est passée la mer d’Aral quand on voit la profusion de canaux, de verdure, de rivières… Des paysans travaillent en file dans les champs inondés, les plants sont encore petits.
Après le petit déjeuner, nous discutons avec notre hôtesse, une petite babouchka sympathique au fichu fleuri qui nous offre des fruits sucrés de l’arbre de sa cour et nous négocie un taxi à 15000 sums pour nous rendre à l’aéroport (2,5€). Là bas nous ne subissons pas moins de trois fouilles des bagages avant d’avoir le droit d’embarquer, mais au moins personne ne nous empêche de prendre nos bouteilles d’eau à bord.
Une fois à Ourguentch, j’avais pour ambition de prendre le dernier Trolley bus (Skoda) du pays pour aller jusqu’à Khiva. Mais les sites internet et les ouzbeks avaient tous des avis divergents sur son trajet qui passe ou pas par l’aéroport, qui relie ou ne relie plus le centre ville de Ourgentch. En fait il ne passe plus par l’aéroport et pour le prendre, il faut marcher 2 kilomètres sur un boulevard stalinien et poussiéreux écrasé par le soleil au bout duquel, à un carrefour, on devrait trouver les fils du trolley. Bref, à la sortie de l’aéroport, force nous est de prêter une oreille attentive aux sollicitudes des chauffeurs de taxi, habitués à tirer des dizaines de dollars aux touristes égarés. Nous sommes surpris par le petit nombre de taxis, qui va rendre difficile les négociations, puisque nous ne pourrons pas en éconduire plus de trois sans finir à pied… C’est finalement un certain Baxid, ouzbek d’une cinquantaine d’années, qui remporte le pompon avec une course à 55000 Sums, ce que nous qualifierons de fort cher. La communication passe moins bien, et je suis incapable de dire si c’est mon russe qui a baissé, ou si c’est le russe de mon vis à vis qui laisse à désirer. Notre voiture fonce vers le sud, passant par le centre d’Ourguentch qui consiste en un immense rond point autour duquel s’étalent des bâtiments administratifs bas et mornes. Encore vers le sud la route longe des immeubles d’habitations avortons, tout droits sortis de l’époque de l’URSS pionnière. Des camions de la même époque, bleus à calandre blanche patientent à leurs pieds. Tout est très large, très vide, l’espace est comblé par de l’herbe et des arbres maladifs aux troncs peints en blanc. Toujours vers le sud les immeubles laissent la place aux champs, et bien évidemment, surtout de coton. Pas difficile d’imaginer où est passée la mer d’Aral quand on voit la profusion de canaux, de verdure, de rivières… Des paysans travaillent en file dans les champs inondés, les plants sont encore petits.
Finalement, au bout de trente kilomètres de ligne droite, Khiva. Khiva est ceinte de remparts en terre et d’une banlieue de bâtisses en terre. Pour l’heure le gouvernement travaille à redresser les premiers et à raser la seconde. A l’intérieur des murs crénelés qui doivent bien faire 10m de large pour 5m de haut, une ville musée. Des maisons parallélépipédiques en terre bien sûr, mais aussi des palais, des médersas, des minarets, des mosquées. Tous ces bâtiments élancés sont rehaussés de faïences vertes, bleues et blanches, qui reflètent les nuances du ciel. Il faut s’imaginer les couleurs d’Ispahan, le lustre de Samarcande, la terre de Bam. Toute cette beauté dans un coin si reculé s’explique parce que Khiva était une cité indépendante, un peu à l’écart des routes commerciales, et qui faisait le commerce des esclaves.
Khiva ne vaut que si l’on y dort, qu’on laisse le brouhaha artificiel et touristique s’éteindre, les marchands du temple ranger leurs étals pour reprendre une vie normale. Alors, à l’heure où flamboie le soleil et s’élève la poussière dorée, on voit ces dames en longues tuniques colorées deviser sur le pas des portes en jetant des seaux d’eau sur la terre brûlante, les enfants se chamailler sous les hautes arcades des médersas croulantes, les hommes vitupérer en faisant claquer les pièces de leurs jeux sur des plateaux de bois, accroupis sur des murets ou à l’ombre d’un arbre séculaire dans des cours rafraîchies par un puits solitaire.
Khiva ne vaut que si l’on y dort, qu’on laisse le brouhaha artificiel et touristique s’éteindre, les marchands du temple ranger leurs étals pour reprendre une vie normale. Alors, à l’heure où flamboie le soleil et s’élève la poussière dorée, on voit ces dames en longues tuniques colorées deviser sur le pas des portes en jetant des seaux d’eau sur la terre brûlante, les enfants se chamailler sous les hautes arcades des médersas croulantes, les hommes vitupérer en faisant claquer les pièces de leurs jeux sur des plateaux de bois, accroupis sur des murets ou à l’ombre d’un arbre séculaire dans des cours rafraîchies par un puits solitaire.
L’atmosphère qui nous entoure est bien mystérieuse, il règne dans
l’obscurité des bruissements et des odeurs qui nous agitent l’hypothalamus,
et nous font comprendre que nous ne sommes pas à notre place. Cette
journée à déambuler dans les ruelles de Khiva nous est par conséquent peu
profitable pour l’organisation des jours à venir. Nous nous contentons de
errer, sans réussir à organiser quoi que ce soit ; lorsque nous nous couchons,
nous n’avons qu’une certitude : demain matin nous escaladerons le minaret de la
mosquée Juma, et ensuite il nous faudra improviser pour savoir quand, comment
nous réussirons à visiter les forteresses dans le désert, aller à Nukus à 400km
de là, aller à la mer d’Aral 300 km plus loin, puis filer sur Bukhara, tout ça
dans des délais raisonnables, sans savoir où trouver bus, marchroutkas, ou
taxis collectifs, et alors qu’il y a deux déserts (Karakapalstan et Kyzyl Kum) à
traverser, que certaines gares routières sont en périphéries des villes,
d’autres au bord des stades, mais que les taxis partent plutôt des marchés.